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Le super-naturalisme de Nerval

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Le super-naturalisme de Nerval Empty Le super-naturalisme de Nerval

Message par Sophocle Mar 27 Juil - 11:37


Au vu de ce qu'il raconte, je mettrai ma main à couper que Gérard de Nerval était intoxiqué aux métaux lourds.
Je n'ai pas retrouvé d'article qui confirme ou infirme cela mais c'était une époque où les métaux lourds faisaient officiellement parti de la panoplie des traitements médicaux.
À faible dose, le mercure était considéré comme un turbo qui agissait sur un moteur un peu malade.


La dernière folie qui me restera probablement, ce sera de me croire poète : c’est à la critique de m’en guérir.
Nerval est certes aujourd'hui reconnu comme un auteur majeur, mais on peut voir que cela n'était pas le cas de son vivant.
Nerval était assez amer de la critique de son époque,
et on peut aisément imaginer que ces mauvaises critiques pesaient lourdement sur son manque de confiance en lui.
Il se battait pour qu'il ne pas vu comme fou car ce diagnostique jette une opinion de déraison sur l'ensemble du personnage et sur donc sur l'ensemble du contenu de son œuvre.
Il était un homme à l'amour-propre doublement blessé, une première fois par ses crises et une seconde fois par les critiques.
Par son œuvre, il cherchait à faire une démonstration à lui-même et à la société.
Même s'il n'a pas connu le succès de son vivant, il savait que ses textes étaient des chefs d'œuvre car il était un homme érudit.
Un demi-siècle plus tard, il sera admiré et réévalué par André Breton qui fondera le mouvement surréaliste sur l'état de rêverie d'Aurélia que Nerval qualifiait lui-même de "super-naturaliste".
Nerval a donc été le détonateur d'un courant qui agit encore aujourd'hui .
De nombreux surréalistes ont parfois les deux doigts dans la prise, il ne faut donc pas réduire Nerval à tous ces fous-ci.
Je crains qu'on sous-étime le rôle des ML à propos du sur-passement de soi dans la littérature et dans la peinture (Van Gogh est également un candidat à une intoxication au plomb).
Ce serait une bien belle surprise que le surréalisme soit né d'un intoxiqué aux métaux-lourds.

Je ne vais pas me hasarder à faire un commentaire de l'œuvre de Nerval, ni sur son texte sur la folie, Aurélia.
je renvoie donc à une série de conférences, de très grande qualité, qui brosse son œuvre et son parcours autour de sa prétendue folie :

Une synthèse analytique d'Aurélia est disponible à la page suivante : La folie poétique dans Aurélia de Gérard de Nerval.
Il existe également un très bon film, "La clinique du docteur Blanche".
Il est difficile de résumer le contenu d'Aurélia, mais je peux dire qu'il s'agit d'un parcours autour d'un archipel d'îlots signifiants.
Ce qui est frappant, c'est que le narrateur se voit lui-même en crise.
C'est de là que vient l'étonnante lucidité qui invalide partiellement le diagnostique de folie.
Le cerveau enregistre les évènements en cours et il les digère ultérieurement.
On dirait que la métacognition fonctionne aussi bien que quelqu'un de valide qui fait un examen de conscience sur un évènement du passé récent.
Mais le récit va bien au-delà de cela, le narrateur parvient à consolider les répits et les crises dans un tissage très fin.
Pour emmener le lecteur avec lui, j'ai l'impression que le narrateur passe d'un état de dépit après la disparition d'un être aimé à un état de dépit de sa maladie sans que la différence ne puisse se faire.
L'un couvre l'autre en douceur comme une nuit vers une guérison trop lente pour s'en apercevoir de façon éclatante.
C'est un texte inaudible pour son époque parce que la forme qu'il revêtait était trop nouvelle.
Aujourd'hui, notre oreille est habituée à ce genre de glissements sémantiques.

Pour se mettre de l'ambiance, le voici une copie partielle de la préface d'Aurélia de l'édition Lachenal & Ritter :

    PRÉFACE DE L’ÉDITEUR
    Gérard de Nerval, de son vrai nom Gérard Labrunie, n’a pas trente-trois ans lorsqu’il connaît, le 23 février 1841, une première crise de folie. Le 9 novembre, il écrit à Mme Alexandre Dumas :

      « Il [Dumas] vous dira que j’ai recouvré ce que l’on est convenu d’appeler raison, mais n’en croyez rien. Je suis toujours et j’ai toujours été le même et je m’étonne seulement que l’on m’ait trouvé changé pendant quelques jours du printemps dernier. L’illusion, le paradoxe, la présomption sont toutes choses ennemies du bon sens, dont je n’ai jamais manqué. Au fond, j’ai fait un rêve très amusant, et je le regrette ; j’en suis même à me demander s’il n’était pas plus vrai que ce qui me semble seul explicable et naturel aujourd’hui. Mais comme il y a ici des médecins et des commissaires qui veillent à ce qu’on n’étende pas le champ de la poésie aux dépens de la voie publique, on ne m’a laissé sortir et vaguer définitivement parmi les gens raisonnables que lorsque je suis convenu bien formellement d’avoir été malade, ce qui coûtait beaucoup à mon amour-propre et même à ma véracité. Avoue ! avoue ! me criait-on, comme on faisait jadis aux sorciers et aux hérétiques, et pour en finir, je suis convenu de me laisser classer dans une affection définie par les docteurs et appelée indifféremment théomanie ou démonomanie dans le Dictionnaire médical. À l’aide des définitions incluses dans ces deux articles, la science a le droit d’escamoter ou réduire au silence tous les prophètes et voyants prédits par l’Apocalypse, dont je me flattais d’être l’un ! Mais je me résigne à mon sort, et si je manque à ma prédestination, j’accuserai le docteur Blanche d’avoir subtilisé l’esprit divin. »


    En 1852, Gérard de Nerval se plaint de douleurs à la tête. Au printemps de 1853, il est soigné dans la clinique du docteur Dubois pour cyclothymie ; il en sort pour reprendre ses promenades à travers Paris et le Valois. Le 15 août, Sylvie paraît dans la Revue des Deux Mondes et, le 27, Nerval est interné dans la maison de santé du docteur Blanche à Passy. Les crises de délire violent succèdent aux moments de répit. Dans sa chambre, qui donne sur le jardin, au milieu des objets et meubles personnels dont il a pu s’entourer, il commence à écrire Aurélia. En décembre, le sonnet El Desdichado paraît dans Le Mousquetaire : Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé / Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

    En janvier 1854 paraissent Les Filles du Feu. Le 27 mai, Gérard de Nerval quitte la maison du docteur Blanche pour un dernier voyage en Allemagne ; il réintègre « sa chambre » au début du mois d’août et termine Aurélia, dont la première partie paraît le 1er janvier 1855 dans la Revue de Paris (il en a corrigé les épreuves). Le 26 janvier à l’aube, on trouve Nerval pendu dans un recoin de la rue de la Vieille-Lanterne. Quelques jours plus tard, le 15 février, paraît la seconde partie d’Aurélia, avec des « lacunes qu’il avait l’habitude de faire disparaître sur les épreuves », précise la revue. C’est ce texte de la Revue de Paris que nous publions ici, sans les retouches et ajouts de l’édition posthume de Gautier et Houssaye. Signalons que Les Manuscrits d’Aurélia ont été publiés en fac-similé par Jean Richer, Les Belles-Lettres, en 1972. « Je résolus de fixer le rêve et d’en connaître les secrets. » Le récit, magnifique, est précis, limpide et parfaitement organisé. L’écriture frappe par sa sobre beauté, son élégance, sa netteté. Dans Aurélia, Nerval tourne le dos aux procédés du romantisme, et c’est à la source du rêve et de sa déraison qu’il puise les éléments de la création poétique. Démarche moderne, qui conduisit André Breton et Philippe Soupault à envisager de nommer leur mouvement surnaturalisme. Œuvre exceptionnelle sur tous les plans, troublante histoire d’une folie lucide, quête spirituelle de l’esprit divin, perdu et retrouvé, et quête de la femme aimée dans une descente aux enfers, Aurélia est tout cela, qui enthousiasma les surréalistes. C’est la proclamation du Voyant qui, avant Rimbaud, découvre, explore et libère l’inconnu, l’Autre, les autres Je car Je est triple, pour tenter de les rejoindre et dépasser ainsi son destin.

      « …Je me mis à chercher dans le ciel une étoile, que je croyais connaître, comme si elle avait quelque influence sur ma destinée. L’ayant trouvée, je continuai ma marche en suivant les rues dans la direction desquelles elle était visible, marchant pour ainsi dire au-devant de mon destin, et voulant apercevoir l’étoile jusqu’au moment où la mort devait me frapper. […] Dans cette étoile sont ceux qui m’attendent. […] Laisse-moi les rejoindre, car celle que j’aime leur appartient, et c’est là que nous devons nous retrouver ! »

    Dans cette préface, on peut lire que Nerval se plaint de douleur de tête, ce symptôme physique me parle particulièrement quand il associé à des symptômes concomitants qui sont placés dans le texte d'Aurélia. On peut également y lire que les médecins ont demandé avec insistance que Nerval avoue qu'il était fou. La démarche de la recherche de l'aveu est assez ridicule car elle ne se départit pas que le médecin cherche à faire valider son diagnostique par le patient. Ces diagnostiques devaient être assez lourds à porter par le médecin pour qu'il se dédouane ainsi de la responsabilité de ses analyses sur le patient lui-même. Surtout, cette recherche montre que le médecin souffre que l'individu en face de lui ne se considère pas comme malade. En effet, si le patient se ne considèrerait pas comme malade, le médecin perd alors son statut de médecin, il devient alors un interlocuteur à l'égal du fou qu'il a en face de lui. Cela montre ce qu'est que la folie, elle est un regard de l'homme "normal" qui n'est pas reconnu par autrui. L'homme normal est angoissé de ne plus exister dans le monde mental d'autrui, alors il catalogue celui qui ne reconnait pas le monde comme fou. L'interlocuteur d'un médecin doit être nécessairement malade, sinon le médecin échoit.

    Cependant, le contenu sémantique d'Aurélia n'est pas l'objet de ce post,
    je vais juste présenter quelques extraits anecdotiques d'"Aurélia" qui me parlent au regard de mon expérience et des effets sournois d'une intoxication au mercure.
    J'ajoute donc ces extraits à la longue liste de symptômes et d'indices qui peuvent corroborer une éventuelle intoxications au métaux lourds.


      Extraits d'Aurélia
        Je vais essayer, à leur exemple, de transcrire les impressions d’une longue maladie qui s’est passée tout entière dans mon esprit ; — et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme maladie, car jamais, quant à ce qui est de moi-même, je ne me suis senti mieux portant. Parfois, je croyais ma force et mon activité doublées ; il me semblait tout savoir, tout comprendre ; l’imagination m’apportait des délices infinies. En recouvrant ce que les hommes appellent la raison, faudra-t-il regretter de les avoir perdues ?…


      Et pendant qu’il m’accompagnait, je me mis à chercher dans le ciel une étoile, que je croyais connaître, comme si elle avait quelque influence sur ma destinée. L’ayant trouvée, je continuai ma marche en suivant les rues dans la direction desquelles elle était visible, marchant pour ainsi dire au-devant de mon destin, ...

        Ici a commencé pour moi ce que j’appellerai l’épanchement du songe dans la vie réelle. À dater de ce moment, tout prenait parfois un aspect double, — et cela sans que le raisonnement manquât jamais de logique, sans que la mémoire perdît les plus légers détails de ce qui m’arrivait. Seulement, mes actions, insensées en apparence, étaient soumises à ce que l’on appelle illusion, selon la raison humaine…


          pendant longtemps je perdis le sens et la liaison des images qui s’offrirent à moi. Cet état dura plusieurs jours.


        et les récits de ceux qui m’avaient vu ainsi me causaient une sorte d’irritation quand je voyais qu’on attribuait à l’aberration d’esprit les mouvements ou les paroles coïncidant avec les diverses phases de ce qui constituait pour moi une série d’événements logiques. J’aimais davantage ceux de mes amis qui, par une patiente complaisance ou par suite d’idées analogues aux miennes, me faisaient faire de longs récits des choses que j’avais vues en esprit.


      Les visions qui s’étaient succédées pendant mon sommeil m’avaient réduit à un tel désespoir, que je pouvais à peine parler ; la société de mes amis ne m’inspirait qu’une distraction vague ; mon esprit, entièrement occupé de ces illusions, se refusait à la moindre conception différente ; je ne pouvais lire et comprendre dix lignes de suite. Je me disais des plus belles choses : « Qu’importe ! cela n’existe pas pour moi. » Un de mes amis, nommé Georges, entreprit de vaincre ce découragement. Il m’emmenait dans diverses contrées des environs de Paris, et consentait à parler seul, tandis que je ne répondais qu’avec quelques phrases décousues.

        Me croyant bien portant désormais, on devenait plus exigeant, et, comme j’avais renoncé au mensonge, je me trouvais pris en défaut par des gens qui ne craignaient pas d’en user. La masse des réparations à faire m’écrasait en raison de mon impuissance.


      Toutefois, je l’écrivis péniblement, ... Les corrections m’agitèrent beaucoup. Peu de jours après l’avoir publiée, je me sentis pris d’une insomnie persistante.

        Des médecins vinrent alors, et je continuai mes discours sur l’impuissance de leur art.
        [size=85]Il faut rappeler que Nerval a guéri un patient (du nom de Saturnin) de la clinique du docteur Blanche par la parole et par les mains alors que les médecins désespéraient de le guérir.[/size]


          Toutefois, je me sens heureux des convictions que j’ai acquises, et je compare cette série d’épreuves que j’ai traversées à ce qui, pour les anciens, représentait l’idée d’une descente aux enfers.


Sophocle

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Date d'inscription : 25/07/2021

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