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La poésie française et la recherche de l'être - M. Edwards

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La poésie française et la recherche de l'être - M. Edwards Empty La poésie française et la recherche de l'être - M. Edwards

Message par Sophocle Mar 27 Juil - 11:55

Dans sa chaire d' Étude de création littéraire en langue anglaise, Michael Edwards, poète franco-britanique, fait une revue de la recherche de l'Être chez quelques grands auteurs français (Apollinaire, Villon, La Fontaine, Racine, Hugo, Baudelaire, Mallarmé, Rimbaud, Valéry, ...). Cette revue est un vrai bonheur à écouter pour un néophyte. L' "être", qu'insufflent les auteurs dans les textes choisis par Edwards, est décortiqué avec une très grande érudition et avec la convivialité humoristique propre aux anglais. De plus, de par ses origines, Edwards met en contraste les auteurs français avec les auteurs anglais, cela donne une infinie épaisseur délicieuse à son discours. Dans la continuité du précédent post sur le super-naturalisme de Nerval, je vais donc rapporter ici deux auteurs de cette revue, Rimbaud en illustration d'une personne décontractée pour planter un ambiance sereine, et Nerval en illustration des effets des ML sur la personnalité.


Dans la présentation de son cours, Edwards met en avant que la recherche de l'être suppose que l'être n'est pas donné d'avance, que quelque-chose ne va pas, et qu'il manque une communication avec l'être. L'être n'est pas plein. Selon Edwards, cette recherche est certes très angoissée chez Nerval, mais elle est assez présente chez d'autres grands auteurs sereins. La recherche de l'être en soi-même apparemment manquant de prime-abord est ce qui met intensivement son être en vibration. Selon Edwards, chez Rimbaud, la recherche de son être à été intense à ses 18 ans. Mais avant cette période, lors de son adolescence, il était totalement décontracté (cours du 8 mars 2007).

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! –
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Arthur Rimbaud, 1870, Cahier de Douai

Edwards insiste sur ce poème car Rimbaud l'a été écrit à 16 ans, c'est-à-dire avant le grand Rimbaud des 18 ans qui demande à la poésie de lui donner un monde, un "JE", la vie, le "je est un autre" de "celui qui a perdu l'Éden après en avoir conçu l'idée". Dans ce cours, Edwards dit que ce n'est pas le contenu des mots qui compte mais c'est la manière du poème qui donne l'état d'être du poète. Là, au cabaret vert, Rimbaud, flegmatique, allonge les jambes sous la table, sa chope immense est remplie de bière avec de la mousse. Le tout est doré par un soleil qui fait son nécessaire pour se tarder La poésie française et la recherche de l'être - M. Edwards Bigglasses. C'est la dorure qui agit par anthropomorphisme pour donner vie au soleil, et donc elle prolonge volontairement la décontraction du moment vers une cuisson comme une victoire sur la nuit. Je trouve que la manière de ce poème fait régner une simplicité dans les tournures et une ambiance décontractée que seul Rimbaud a réussi à mettre en mots.


Parmi cette revue de recherche de l'être en soi-même et à l'opposé du cabaret vert, un poème de Nerval : "El Desdichado". Ce poème a été écrit alors que Nerval souffrait déjà de ses maux depuis une dizaine années. Nerval a donc eu le temps de s'accommoder à son mal. Rappel : En dépit qu'on ignore d'où viennent ses symptômes, il me semble que Nerval souffrait d'intox aux métaux lourds car je partageais ses symptômes dans une moindre mesure. Par ce sonnet, il me semble que Nerval a cherché à exprimer les effets de ses symptômes sur sa personnalité au travers d'un texte totalement épuré de symptômes physiques. D'une certaine façon, Nerval se maîtrise à ne pas essencialiser ses symptômes, il les relègue à un frisson premier à partir duquel il peut néanmoins et singulièrement faire de la poésie. C'est ainsi qu'il montre qu'il est le virtuose de sa pensée en dépit de ses symptômes.

El Desdichado.

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Gérard de Nerval - 1854.


Le titre de ce poème m'a vraiment frappé car je suis un peu hispanophone et que je l'entends ainsi : "Comme celui qui a perdu la faculté de dire". Au niveau des symptômes, cela me parle beaucoup.
  • decir, : dire ;
  • dicho (-a), participe (f), a dit ;
  • préfixe Des- : privatif, desdecir : dédire ;
  • desdicha : nom féminin, contra-diction, malheur ;
  • suffixe -ado : participe passé substantivé : celui qui ne parle plus ;
  • El : article insistant, "celui" ou "comme celui" en insistant sur le celui (voir 1er vers "je suis LE ténébreux").


Je dois avouer que mon interprétation de ce titre est fausse, car la vraie signification se borne à l'infortuné. Mon interprétation, "comme celui qui a perdu la faculté de dire" est certes une mauvaise traduction mais c'est celle qui vient à l'esprit quand on fait parler littéralement les sons qui composent le mot (préfixe, suffixe, et de l'article). Quand on y prête attention, la mécanique de l'arborescence des syllabes s'exprime en même temps que la définition culturelle du dictionnaire. En littérature, et surtout en poésie, il faut faire parler la découverte des sons, surtout en langue française, c'est souvent là que se cache l'intention à peine voilée du poète. On trouve là une manière du mot qui donne la manière à un titre en langue étrangère sans relation aucune avec le reste du poème sauf quand à la définition du mot.
Pour conforter mon interprétation, je la mets en relation avec un passage d'"Aurélia" déjà rapporté dans mon topic : "Un de mes amis, nommé Georges, entreprit de vaincre ce découragement. Il m’emmenait dans diverses contrées des environs de Paris, et consentait à parler seul, tandis que je ne répondais qu’avec quelques phrases décousues". Il y a donc un rapprochement possible, certes un peu tiré par les cheveux, mais ce poème est écrit en même temps que Aurélia. Ces deux œuvres sont un même parcours où Nerval se raconte lui-même, et ce poème, El Desdichado, est comme un abrégé de son long parcours en ex-voto. J'aime vraiment à faire cette relation. Cette interprétation donne une clé de lecture que le mot français n'apporte pas, l'infortuné.

De ce poème, toutes les critiques mettent en avant la très forte présence de la privation : Tour abolie, soleil noir La poésie française et la recherche de l'être - M. Edwards Bele, rends-moi, plaisait tant, ... Edwards le rapporte ainsi : "Le veuf du réel demande à ce qu'on lui rende le réel" (cours du 25 janvier 2007, à 41:40'). Exemples, la Tour abolie est un lieu qui est marqué par l'absence de la tour, le soleil noir est le manque d'effets sensoriels du soleil en dépit de sa présence. Cela se ressent également par la compacité du turn-over des symboles qui ne se fixent jamais, il y a comme un tourbillon de pensées évanouissantes qui jaillissent dans son cerveau. Cela exprime explicitement ce que j'ai ressenti à propos du réel pendant la forte période d'intoxication : le réel est certes fade, manquant, retiré après avoir été présenté mais il est aussi plein de mille pensées. Quand Nerval dit qu'il a traversé deux fois l'Aquéron, cela laisse supposer que ce voyage intérieur a été un aller-retour aux enfers. On retrouve également cela dans Aurélia : "Toutefois, je me sens heureux des convictions que j’ai acquises, et je compare cette série d’épreuves que j’ai traversées à ce qui, pour les anciens, représentait l’idée d’une descente aux enfers."



Maintenant que je reviens peu-à-peu vers la rémission, je trouve qu'en juxtaposant ces deux poèmes, on a les deux extrêmes de l'intoxication.
  • Au Cabaret Vert est la manière d'être, décontractée, simple et réelle, quand on est non-intoxiqué ou désintoxiqué,
  • et, El Desdichado est la manière d'être, confuse et déréalisée (soleil noir), quand on est très fortement intoxiqué.


Sophocle

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Date d'inscription : 25/07/2021

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